Du crayon à papier au stylo-sémaphore
Crayon à papier au bois peint qui s’écaille dans la bouche à mesure que la main apprend à tracer les lettres. La mine tombe tout le temps. La gomme au goût de craie.
Le même crayon à papier rehaussé d’une gomme à senteur de fraise, rose et ronde. La marque de dents des divisions.
Le stylo Bic Cristal bleu. L’encre laisse des traces de mer qui descend à l’intérieur du tube.
Premier stylo-plume pour la rentrée au collège. Des figurines de Walt Disney se déplacent entre deux couches de plastique moulées autour de l’emplacement de la cartouche. L’encre turquoise ou mauve déverse une odeur de boisson gazeuse sur les feuilles à carreaux de cinq lignes Seyes perforées. La plume accroche au papier. Mis à l’épreuve des regards des grands en salle d’étude, le stylo fantaisie ne fait pas long feu.
Magique, le stylo à quatre billes rétractables. Rouge, verte, bleue, noire.
De plus en plus sobres, des pens noirs ou gris. Métalliques ou opaques. Souvent froids sous les doigts. L’encre effaçable des années lycée.
Un porte-plume en acajou fuselé parmi les morphos, chez un brocanteur de la rue Saint-Laurent. La plume à pointe carrée d’environ 2 mm de largeur plonge le matin dans une encre café à laquelle se mélange la fumée des pots d’échappement et un vague parfum de sapins du Mont-Royal.
Des crayons dans les poches ramassés au hasard des stations-services au bord du fleuve où les glaces glissent comme le Mont-Saint-Michel ou une danseuse de flamenco sous les flocons dans un stylo souvenir.
Un stylo à plume de marque allemande, couleur rouge-bordure-de-baie-vitrée-de-sémaphore. L’encre est bleue. Elle se rappelle de la mer et de la nuit, des nuances de gris du granit et des reflets des faisceaux du phare sur le plastique poli. La plume de 1.9 mm forme des lettres mouvementées. J’ai un peu le mal de mer quand j’écris avec mon stylo à plume lisse sous les doigts, bien calés sur les encoches. Cintré d’une fine rondelle de métal noir, c’est un stylo aux formes franches, de rougeur égale à celle du soleil couchant.
Voir en ligne la proposition de François Bon
© Laure Morali_février 2010
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