Sémaphore 6
au granit pleine de trempes
creuser
travailler le ciel
en foulant le sol
sentir la terre craquer
dans les poumons
déchirer les cordes
écrire l’animale gronde
par les bronches mon granit
sol d’éclaboussement
veines tendues un soleil pétri
entre les rochers se laisse
jusqu’au magma écrire
rompre avec sa forme
devenir eau terre feu air
l’infini broie les mots qui pèsent
du point de vue du soleil
nos prières dessinent des spirales,
elle dure une journée sa phrase
dans le dédale du corps
qui engrange
la joie
écrire la stupeur de la sensation de l’air
qui entre pour la première fois
dans les poumons
écrire en train de naître
ce cri que pousse la terre
en expulsant le soleil
feu liquide
dans le corps l’île
rétracte le souffle
le crache pour qui l’entendra
cœur en débris
gravir la planète
en deux respirations
de béatitude sourde rugueuse
arrachée à la lande
écrire prier chant de l’heure ronde
perdre pieds dans l’univers oublier
de quel pays l’on vient
plonger partir pierre ponce
au péril de s’user
sans rien garder devenir
bouchon de liège dans les villes d’eau
écrire dans la langue
des papillons nahuatl
innu-aimun quechua écrire
pétrir sa langue à coup de rencontres
des bleus souffle avec la mer
jouis rage rentre éjecte reprends
respire reçois la foudre
du fond du ventre
écrire creuser
faire jaillir
un son de terre
brûlante
© Laure Morali_21 avril 2011
À partir d'une proposition de F.Bon,
"écrire, signer la vie" et de Jacques Dupin
Merci à François Bon d'avoir ouvert
ses ateliers de la Bibliothèque universitaire d'Angers
aux participants en ligne.
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