Le parfum de la mer (Carnet Montréal 9)


Paris plage - Roissy - le Groenland, un mirage de glaces - déjà la nuit, sa marque rouge sur Montréal - les nuages filent dans la moiteur.
Voyager avec un élastique entre les mains, faire et défaire les tours Eiffel. Évanouies les latitudes. Amériques, seules, les longitudes.
Dans la cour du voisin, les fruits tombent des pommiers. Mûrs déjà.
Qui sait si des hommes ne vivent pas cachés à l'intérieur des arbres, eux qui perçoivent la lumière mieux que nous...
Le vieil homme derrière la bibliothèque se sert de son parapluie noir comme d'une canne au soleil.
Dans quel regard reconnaît-on l'enfance ? Croisé plus de cinquante regards aujourd'hui sans reconnaître la soie des yeux de mes grands-pères.
Loin de la mer, je marche comme un chat, pourtant j'ai peur des chats.
À Montréal, je serai toujours en voyage puisqu'aucun parfum ici ne me réveille de souvenir d'enfance - l'enracinement est volatil.
Jeans usés loin des ports. Je veux garder sur moi le parfum de la mer. 



© Laure Morali, Carnet Montréal 9, août 11

Commentaires

  1. Les racines, loin des sipo matador, ignorent l'éblouissement des canopées, Les ports ne sont que le prolongement de nos Jeans, jamais ils ne s'éloignent vraiment, Le parfum si clair, un peu salé, si vaste et simple de l'enfance je le vois dans chaque évidence de ma glycine,dans ma paume encore perlée d'une petite plage cachée près de saint-Briac, de mon voisin seul mais vaillant, toujours de bonne humeur , avec ses 76 ans nous allons faire des fagots de peupliers d’Italie près de la maison pour hivers = il fait plus de 30 degrés mais son sourire est plus fort que tout
    Je pense à toi Madame L, tu es magique, autour de toi il y a de l'amour, plein est bon,l'enfant traveler sait voyager en soi pour aimer fidèle le besoin d'embrasser le Monde.
    Je t'embrasse
    Pierre

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