Grâce



Grâce aux vents qui me tiennent chaud 
Grâce à la caresse de l’air 
Et au bruit enivrant de la ville 
Grâce aux fleurs que je plante 
Et au ciel qui se couvre 
Grâce au mouvement calme des draps sur la corde à linge 
Grâce aux grands yeux d’un petit garçon 
Grâce à l’amour qui n’appartient à personne 
Et glisse lentement avec l’eau de l’orage sous la terre 
Grâce au tintement des casseroles chaque soir à huit heures 
Grâce aux amies qui vous prêtent leurs vêtements 
Grâce aux charbons ardents de la colère ambiante 
Grâce à la pluie qui vient chanter sur nos casseroles 
Grâce au ciel et à la terre et grâce à l’eau et au feu 
Grâce à la vie qui m’inonde  
Grâce aux cœurs qui débordent 
Grâce à l’électricité invincible des vents détrempés 
La foudre tombe drue sur la place publique  
Nous caressons les trottoirs avec une langueur nouvelle
Nous redevenons humains en un très lent grondement de tonnerre


Laure Morali, Montréal, le 29 mai 2012

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