Le corps des forêts 3 | Le sol de nos songes

Les nomades regardaient en nous et à nos pieds si nous avions suffisamment de vide pour marcher sans penser durant des heures sur des passerelles de vertige, flotter sur la mousse, glisser sur la glace, surprendre des vibrations de l'air, des rires qui brillent entre les plis de la terre, à l'heure où le caribou chante pour séduire et l'homme qui le chasse et la femelle qu'il observe.
Pendant que nous dormions, de grands colliers encerclaient nos jambes, osselets de têtes de truites grises. En forme de silhouettes, des familles entières regroupées dansaient dans le crâne des poissons et tournaient sur le sol de nos songes. Nous aurions une bonne pêche le lendemain à Pakuanapanan, là où l’on perce la glace en hiver pour tendre le filet.



L.M, 16 sept.12


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