Le goût du monde
Tous ces jours écoulés depuis mon enfance forment une poussière analogue à celle que font les petits vers logés dans le bois et qui rongent les armoires. On est surpris, quand on les ouvre, de voir combien les panneaux de bois qui semblaient résistants ont pu facilement être réduits à rien. De même quand on regarde en arrière dans le temps on est étonné de voir cette épaisseur se réduire à une très mince plaque à travers laquelle on peut arriver à lire en transparence les hiéroglyphes du passé. Rien ne s'est produit finalement qu'une diminution de matière et une augmentation de clarté. Et pourtant tout a changé !
Jean Grenier, Les Grèves
Un grain de sabledernière lueur sur la mainquand on se couche sous les drapsévasés d'un grand dortoir
les secrets montent à la têtecomme des billes tombées du toitma voisine de placardavale un flacon d’eau de Colognepour faire passer dans son ventrela flamme de ses cheveux qui la brûlentl'autre enfile ses collants de lycraet fait des barres de danse classiquesous les yeux vitreux du pionle ventre des goélands frôle le gravierje regarde les arbres à terreun matin d'octobre 87par la fenêtre de l'internaten pensant au chagrindes falaises sans racinecomment tenir en placeloin du roulement des vaguesdans ces couloirsje bois du café au laitj'enlève la croûte des tartinesj'écoute la Mémoire et la mer, en boucleje sors avec le fils d'un gardien de phareje lis Le chant du monde
L.M.
Montréal, 4 septembre 2012
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