Le corps des forêts 9 | La glace

La glace était fragile au début. Le lac gelait à partir de son cœur. Des lagunes reflétaient des colliers d'épinettes aux contours. Les rives n'étaient pas sûres. Nous marchions, une pagaie à la main, pour sonder les couches du froid, éparpillant la poudre pastel du givre à chaque empreinte de pas sur la plage. C'est là qu'elle a commencé à chanter, la forêt. De longs sifflements de balles de fusil ont traversé le lac en tous sens. Je cherchais les chasseurs invisibles en vain. Puis le chant est devenu cristallin. La gorge de la terre a poussé un son nu vers les étoiles. Le chant montait de l'eau en nappe translucide et redescendait en glace sur la forêt. Nous restions figés d'émotion. S'il y avait eu des aurores boréales ce soir-là, j'aurais pensé que c'était d'elles que sortaient les voix pures. « Naur, m'as-tu dit en levant les yeux au ciel, c'est la glace qui chante en se formant ».
Le lac a pris tout entier en une nuit. À l'aube, nous étions libres de marcher où bon te semblait. 

1er Octobre 2012

Commentaires

  1. I'm happy to see that you have written about singing ice and aurora too!

    This little piece is beautiful!
    (I'm sad I can't read it directly, but have to use Google Translate.)

    Thank you very much for sharing it with me!


    Love,
    Berit


    RépondreSupprimer

Enregistrer un commentaire

Articles les plus consultés