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Lecture | Natasha Kanapé Fontaine
Le parfum des brasiers
enlace mon vêtement
incendiaire
matshiteu
il mène la barre du jour
la brise perdue
immensité ivre
l'hiver fumé
je repars.
Natasha Kanapé Fontaine
C'est une vraie fête quand une nouvelle voix entre dans nos vies. Elle s'appelle Natasha Kanapé Fontaine et déjà son nom est un poème. Elle lance son premier recueil aux éditions Mémoire d'encrier : N'entre pas dans mon âme avec tes chaussures. Un titre qui reprend un proverbe tzigane, car Natasha semble tout droit sorti d'un film de Tony Gatlif. Elle danse sur le fleuve pour rapprocher dans ses bras les rives, les gens, les langues et les corps. Elle danse et elle chante la brûlure dans son ventre de femme qui croit dur comme fer en le feu qu'on fait brûler ses grands-parents sous la tente. Un feu d'amour et de joie gagné à la force des jambes qui marchent et martèlent le souffle. De la lumière de neige dans les yeux. Natasha Kanapé Fontaine, native de la communauté innue de Pessamit, a grandi à Baie Comeau et vit à Rimouski. Elle a vingt-et-un ans. Elle porte en elle de longs poèmes récités par cœur dans la mémoire de sa grand-mère sur les sentiers vieux de la forêt subarctique, des chants qu'elle a ramassés en caressant de ses doigts les rides de sa nukum. Elle porte aussi des rayons entiers des bibliothèques. Elle porte la poésie de Joséphine Bacon, José Acquelin, Gaston Miron, Anne Hébert, Hector de Saint-Denys Garneau, Baudelaire, Naomi Fontaine, Raymond Chassagne, Violaine Forest, Rita Mestokosho... Et elle écrit, avec une grande exigence, afin de nous faire entrer dans son âme comme seul peut le faire un vrai souffle. "Puis tu traverses un fleuve. Béant". Le corps, réceptacle du territoire et des parcours des ancêtres, se fait fleuve pour recoudre cette déchirure entre les mondes. "Les steppes arctiques / se mêleront à nos gorges". Les corps qui s'aiment se souviennent de l'unité perdue. La langue neuve, remplie d'images foudroyantes, se tient debout dans des vers scintillant comme les étincelles de ce feu de roches qui réchauffait son grand-père, loin, au nord, ressuscité grâce à la voix écorchée de Natasha.
"Tourbillonne, tourbillonne/fumée s'évaporant/de ma gorge/à la goutte tombée/à l'étoile esseulée/au-dessus de Québec" N. K.F.
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