Bribes d'un atelier sous la neige

Petits flocons sur le chemin, la pelleteuse, bras levé, ramasse les étoiles de neige sans bouger, village immobile, des sourires d'enfants me reviennent, de ces quatre derniers jours, des prénoms, des regards, des mots que l'on cherche en soi, "Ma vie et moi, j'ai trouvé ça dans ma tête", dit ce garçon de douze ans qui se cache sous sa capuche dans la bibliothèque de l'école, je lâche prise, et si j'étais venue jusqu'ici ne serait-ce que pour lui faire entendre quelques mots cachés sous le silence de la neige ou d'une capuche, en montant le volume de mon ipad, un air de guitare ou de piano, un chant, en innu-aimun ou en français, la possibilité de faire parler à voix basse un adolescent, de le laisser tracer quelques lettres au crayon à mine, ne pas être là pour enseigner ou apprendre, mais seulement pour laisser sortir un souffle.

Pakuashipi,
29 novembre 12

Commentaires

  1. Il m’importe que l’un de nous de Pakuashipi reconnaisse ce souffle de toi à l’intérieur de la force de nos vents. Ce sera moi. Puis d’autres viendront te le dire, l’ont déjà mieux que dit, vécu. Merci. Bien plus que des Ateliers d’écriture, comme il est tenu de dire, nous qui n’avons ni atelier ni écriture, ce ressouvenir que ton intervention professionnelle pourtant nous fait de notre formidable présence au Monde, à cette terre animale que vous photographiez si bien pour nous la redonner, à nous d’ici et à vous maintenant. Partage. Poésie.

    Mes élèves, moi, un collègue, d’autres sans doute, cette école toute,…si nous sommes confrontés aux devoirs d’apprendre/enseigner, vous vous souvenez sans doute que c’est votre présence personnelle, vous bien sûr, mais vous poète qui a pu nous étonner de nous-mêmes et nous faire espérer les meilleurs interstices au Monde pour concilier nos chemins aux histoires de nos histoires que l’on dit de nous, que nous disons de nous. Je réclame donc  que le Ministère et les Autorités, comme on dit, change le titre de votre fonction et son « cahier de charge » ouche ! Ce sera « Venue d’un, d’une poète » et vous aurez une semaine toute pleine à circuler librement et décider de l’espace/temps qui nous favorisera l’accès à nous-mêmes nous facilitant alors nos devoirs d’apprendre/enseigner. Bien sûr vous ferez sans doute des Ateliers d’écriture puisque qu’il nous faut être ici et maintenant pour devenir éveillés dans notre rêve rêvé. Je cause longuement là, mais vous dire que mes étudiants, ben vous les avez pacifiés en leur condition d’être « mes élèves », comme on dit. Et que l’écriture, comme on dit encore, vous leur en avez donné la permission. Merci.

    Bonne route, revenez-nous, bénéficiez alors de plus de temps, d’un apparent intercalaire comme un congé d’école que nous aurions pour y être enfin !

    Bon, je voulais juste vous dire merci.

    Alain, prof de carrière 

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  2. Merci beaucoup Alain pour ce témoignage qui me touche. Je reviendrai avec grand plaisir à Pakuashipi, si le vent le veut ! Chaque fois que je vais sur la Basse-Côte-Nord, je prends conscience que c'est la météo qui décide... Un grand salut à tous les enfants de l'école en leur souhaitant beaucoup de plaisir à écrire et à lire.

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