Comment va le monde avec toi | extraits lus en images
Comment va le monde avec toi
collection publie monde, août 2013
L'écriture de Comment va le monde avec toi
Une île et des gens enveloppés par le monde, Ouessant, ont donné l’élan à cette histoire. Pendant deux mois de l'été 2010, j'ai occupé le sémaphore du Creac’h, l’habitation la plus à l’ouest de l’île, elle-même la plus à l’ouest de la côte. Je n’étais plus ni en Amérique, ni en Europe, mais entre les deux, face à moi-même. Je retrouvais la mer après m’en être éloignée pendant sept ans. Et l’île qui, me disait-on à Ouessant, agit comme une loupe, a reflété mes fantômes jusqu’à ce que j’arrache mes résistances pour la laisser respirer dans mon corps. Je tenais là-bas un journal, je collectais des impressions. Mais comment parler de ce que l’on a de plus intime ? le souffle avec lequel on a grandi… Il a fallu deux ans, de nouveau loin de la mer, pour tisser ce récit qui se résorbait sans cesse comme une marée. Densité du granit, flux, puissance d’engloutissement de la mer, rayonnement du soleil et des phares. L’énergie du lieu avait imprégné mes phrases et je luttais avec ces forces, pour trouver appui contre le silence. Le « je » du journal ne suffisait plus. Il ne laissait pas assez de place aux courants telluriques qui poussaient mes retenues. J’ai dû lever les vannes, voir venir la fiction, m’abandonner au flot de la parole dans un monologue avec adresse à mon arrière-grand-père cap-hornier, dérouler le fil de souvenirs d’amours adolescentes vécus dans une presqu’île des Côtes de la Mor. Revenir chez moi en étrangère. Puis : relier, resserrer les fils, faire tenir les fragments autour d’un vide en provoquant, par frottements, des aimantations contraires, inventer un monde. Les lieux ont mêlé leurs strates à l’image des mélanges issus des voyages au long cours. L’île qui a surgi de ce texte n’existe sur aucune carte que celle de ma peau.
L.M
Autres extraits
La maison du feu
En plein bois, j'ai lu à la lumière d'une lampe à huile votre Comment va le monde avec toi . Je l'avais repéré/obtenu sur publie.net , cherchant pour une amie un espace/temps de diffusion. Je l'ai fait imprimer pour m'accompagner dans mon pays d'automne, territoire de chasse-prétexte.
RépondreSupprimerMe suis souvenu de votre film La corne de brume. Que de chemin accompli ! Votre poésie transforme les marées noires ,nous en épargne le contresens que nous en faisons.
Vous nous redonnez la Terre vivante ,par quel mystérieux don l'habitez-vous , nous reliant, nous les humains pourtant ?Merci pour toujours de nous inviter à l'éblouissement de la vie où les "je t'aime" s'avouent ainsi .
J'ai rencontré en forêt vivante un petit groupe de bouleaux-frères à qui j'ai causé. Ils m'ont écouté silence. Il m'aurait fallu prendre plus de temps, leur lire à haute voix votre poésie que vous faites histoire pour nous.
Merci encore de nous rendre à l'orée du visible.
Alain, qui a rencontré des Innus de Pakuashipi pour lesquels les mots , comme nous le disons, deviendront l'amitié qu'ils vivent depuis toujours .Vous leur avez fait amitié malgré tout, je veux dire "les mots" .