Les montagnes au creux de mon désir

Nous portons des silex

offrandes de la Terre

mon nom s’évanouit

se confond à la Lune

et trouve son corps infini

bleu forêt ma mémoire

se confond aux rochers

aux animaux qui dorment

avec les secrets

de la planète dans leurs veines.

Griffée par l'ours

au combat du soleil

pour rendre la nuit

à son sable des siècles

revenir prendre forme

dans ta main droite

animée de songes.

La lumière

dans l’os

étoile du couchant

temps rouge des aubes fixes

prenons pieds dans notre rêve

que la lueur se lève.

Soleil

couchant

des mondes

qui percent

l’aurore.

La nuit

brindille

de forêts

laisse

encore

vibrer

les étoiles

jusqu’au

cœur.

Voyager

prendre

une poudre

de feu

à la terre.

Les montagnes au creux de mon désir

rougissent le vent de leurs plis

pleurant argile le corps des plaines

l'ours aux groseilles

appétit que j'ai au plus fort

de mes grands-mères

je remonte à la source territoire nutshimit

avec les ancêtres dans mes veines et le feu

de l’existence libre falaise au soleil

lézardant les rêves

regarde comme nous sommes beaux

sur le livre des étoiles

l’intelligence neige

an old fisherman lives here

with the catch of his life

la route blanche Ouest

la route blanche Est

rouille sous marin

horaire des départs

rivière Pakut-Shipu

aéroglisseur rouge

casque anti-bruits

pourtant le silence de la nuit

n'a jamais été aussi pur

Mars envoie des signaux roux

et je sombre dans un sommeil de mille ans

jusqu'à quatre heures le jour

éclatant en flocons sur la fenêtre

la chambre surchauffée

de désirs de peau

we are tonight

what we need to be

pierre noire du Nord

et songe du Sud

bleu gris mon épaule d'ours

qui dort avec sa faim.

Le corbeau a effacé mes zones d’ombre

la falaise rouge m’a donné son souffle d’ours

j’ai regardé au loin le vent voyager au creux de la falaise

le vent vivait plus vif 

au fond du Labrador

Tu transpires l’énergie de la terre.

Pakut-Shipu, Innu-Assi

Nous avons rêvé

la grotte de la lune

là où les nomades

entendent la respiration

du tambour.

L.M, mai 2016